Notre Mission sur l’Ile Maurice – 1/2

Premier jour

Arrivée du Dr Bosson à l’Ile Maurice le 20.10.2019 qui a été accueilli par les responsables du Ministère de la Santé. 
Le Dr Bosson a rencontré le Dr Gopal, orthopédiste en charge à l’Hôpital Victoria. Ils ont établi le principal axe de cette mission qui est une évaluation des compétences et du matériel disponible.

Arrivée de Dr Suren Naiken le 21.10.2019. 
Tentative infructueuse de visite de l’Hôpital Jawaharlal Nehru en raison de l’horaire des arrivées.
Visite de l’Hôpital Didou où il a été accueilli par le surintendant de l’hopital, le Dr Bondon, qui nous a fait visiter les urgences.

Nos observations à l’hôpital de Didou : 

– 2 catégories d’urgences : urgences aiguës et non aiguës
– triage à l’entrée 
– 1500-2000 patients /jour 
– la plupart sont des cas non urgents, seuls 20% des cas sont hospitalisés
– 12 médecins aux urgences mais sont très souvent en sous-effectif
– après évaluation, les patients sont référés aux spécialistes concernés. Nos évaluation concernent les box des spécialistes où les équipements sont rudimentaires et plusieurs médecins sont dans un seul box, laissant la confidentialité à désirer
– Visite la salle de plâtre et ou il n’y a que des plâtres de Paris, pas de résine, pas de Vacoped ou d’autre moyen d’immobilisation
– avons également visité la petite salle de chirugie ambulatoire et constaté  une hygiène laissant à désirer. Le matériel est très rudimentaire. Le sol est dans un état critique
– avons été agréablement surpris par le niveau des soignants avec des infirmiers très compétents pour les pansements, sutures et plâtres

Ils sont venus d’eux même nous demander de faire des propositions en vue d’améliorer leurs soins et sont très ouverts à recevoir une formation.
Par la suite avec le Dr Aboubakar, chirugien de l’Etablissement, nous avons visité la salle opératoire, relativement moderne. L’évaluation détaillée suivra demain une fois que nous serons au bloc opératoire. 
Nous avons également rencontré le Dr Ramcharita, chef de service d’orthopédie qui nous a énuméré le nombre total de prothèses de la hanche et du genou, qui est de 200/an. Selon ses dires, ils ont un faible taux d’infection post-opératoire. La durée d’hospitalisation pour les prothèse est de 1-2 semaines, durée relativement longue en raison d’un système de santé à l’île Maurice n’ayant pas de soins à domicile et pas de vrai système de médecin de famille.
Un des problèmes relevé est celui des orthèses post-amputation ; ils recherchent une assistance ou une collaboration dans cette expertise. 
Nous avons aussi brièvement discuté avec un anesthésiste qui a été formé à Bordeaux et un chirugien formé à Montpellier sur le concept de l’ambulatoire. Un certain engouement existe mais restera à développer lors des prochaines missions. 

2ème partie 

RDV avec M. Dassin, secrétaire permanent du Ministère de la santé. Entrevue très cordiale. 
Nous avons précisé à nouveau le but de notre mission et la philosophie de la HFE. 
M. Dassin est tout à fait au clair avec ceci. Il nous a expliqué que compte tenu de la tenue des élections dans un avenir proche, il est très difficile d’avancer avec des accords qui doivent passer par des procédures de validation au sein du Stettlor office et du Cabinet Ministériel avec un préavis du ministère des Affaires Etrangères et du ministère des Finances. Nous avons aussi convenu que nous nous reverrons dans 48h avec le Chief Medical Officer, le Dr Ramen. 
L’entretien s’est déroulé au Ministère de la Santé. Il nous a fait la demande d’obtenir un rapport suite à nos visites dans les différents établissements. 

Nous avons également été visiter le SSNH Hôpital dans le nord de l’Ile où nous avons rencontré le Directeur Général qui était malheureusement occupé par d’autres fonctions mais qui s’est fait un devoir de nous accueillir. Nous avons ensuite été accueillis par la Dre Dinawa surintendante de l’Hôpital. Elle a expliqué au Dr Bosson les différentes pratiques au sein de l’établissement. Puis nous avons eu un long entretien avec le chef du département, le Dr Kinu, chirurgien général.Il s’agit d’un chirurgien qui a été formé en France. Il est assez favorable quant à l’introduction de la cholangiographie per opératoire pour les cholécystectomies. Cependant, il nous a expliqué que le problème se situe au niveau de l’ampli-brillance ? qui se trouve dans la salle orthopédique située à distance de la salle laparoscopique. 

Nous avons à nouveau expliqué tous les bénéfices de la chirurgie minimalement invasive avec notre vision à long terme permettant :
– d’avoir des chirurgies ambulatoires 
– d’avoir des chirurgiens formés d’ici 5 à 10 ans. 
Nous avons ressenti une légère réticence de la part du chef de service qu’il explique par le fait qu’il y a eu plein de complications par voie laparasocopique et que les chirurgiens qui se formaient durant quelques mois à l’extérieur ne pouvaient pas être autonomes dans ces types de chirurgie. Nous sommes d’accord sur ce point, cependant, nous avons clairement expliqué que le but était de faire du teaching et non d’opérer à leur place, mais aussi de mettre en place une structure pour le teaching avec des échanges probables afin que les chirurgiens soient vite autonomes. 

Nous avons ensuite rencontré le Dr Ramtual, chef du service d’orthopédie. Ce fut une excellente discussion avec beaucoup de propositions quant à l’introduction du concept de sous-spécialités avec des chirurgiens référents selon les sous-spécialités. Nous avons promis que l’on abondera dans ce sens lors de notre entretien avec les officiels du ministère de la santé. Nous avons également que cela figurera, avec quelques recommandations du Dr Bosson concernant ce point spécifique. 

Deuxieme jour a l’hopital

Suren Naiken s’est rendu à l’Hôpital de Didou dans la capitale et Dominique Bosson s’est rendu à l’Hôpital Victoria. 

Relaté par Dr S. Naiken :

« J’ai donc fait les dons de tout le matériel amené grâce au sponsors, aux infirmiers et aux responsables du bloc opératoire qui ont été enchantés. 
Nous avons ensuite opéré et réalisé 3 cholécystectomies. 

A noter :
– les patients ne sont pas vus par le chirurgien opérateur en pré-opératoire le jour de l’intervention.
– les patients ne sont pas identifiés
– pas de time out au début de l’intervention avant l’incision
– le positionnement lors de la cholécystectomie est différent ; ils n’opèrent pas les patients avec les jambes écartées et ne font pas non plus de cholangiographie per opératoire.

Positif :
Le personnel du bloc opératoire est très enclin à initier des changements. Les personnes veulent se former, ils ont une volonté extraordinaire et une capacité d’adaptation hors du commun, ils sont aussi très débrouillards avec le matériel dont ils disposent. 
Trois cholécystectomies ont été effectuées et il y a eu du teaching. 
La première intervention a été faite par le Dr Aboubakar, lors de la 2ème intervention j’ai montré la technique suisse et la 3ème intervention a été réalisée par le Dr Aboubakar avec la technique suisse en collaboration avec une jeune chirurgienne diplômée mais qui ne fait pas de laparascopie. 
Nous avons par la suite discuté avec les anesthésistes du mode de fonctionnement. Il est à noter qu’ils ne sont pas contre l’introduction de la chirurgie ambulatoire dans le système hospitalier public. Ils relatent que c’est ce qui se fait déjà dans le privé, mais pour des raisons méconnues, cette pratique ne peut pas se faire dans un hôpital public. Nous avons essayé d’investiguer mais sans obtenir de réponse concrète. »

Relaté par Dr Dominique Bosson : 

« Visite de l’Hôpital Victoria. 
L’Hôpital est constitué d’un ensemble de bâtiments vétustes et d’un bâtiment relativement nouveau, qui date d’environ 3-4 ans. 
A l’arrivée je suis d’emblée frappé par l’état de mauvais entretien, comme déjà mentionné par Naiken, avec un manque de manutention évident. 
La première personne rencontrée est le responsable du bloc opératoire, qui semble connaître assez peu son bloc, incapable de fournir des chiffres sur le nombre d’interventions réalisées chaque année, etc. 
Il soulève cependant un problème qui d’emblée me paraît essentiel, à savoir le manque de formation des instrumentistes. Les personnes sont en effet des infirmiers qui apprennent sur le tas, expliquant le faible niveau d’asepsie de la part de ces collaborateurs. 
Au niveau du bloc opératoire, il est important de souligner qu’il y a une absence totale de flux entre le côté stérile propre et le côté non stérile. Les personnes circulent librement en civil mélangées aux personnes habillées pour aller en salle d’opération. 
J’ai rencontré ensuite le Dr Gopal, orthopédiste responsable au Victoria Hospital. Son accueil est correct. Il ne montre pas un grand enthousiasme à cette visite qui lui semble être un peu imposée. Il m’explique un peu le fonctionnement du bloc qui est sans particularité. Au programme, il a prévu une prothèse totale du genou et un changement de prothèse totale de hanche. Les 2 interventions sont réalisées de manière tout à fait correcte. Du point de vue orthopédique, le Dr Gopal a une bonne maitrise de tous les gestes chirurgicaux et pose des implants de bonne qualité à savoir des prothèses Depuy. Au niveau purement technique il n’y a pas grand chose à dire. A niveau, de l’asepsie de l’instrumentation et de l’instrumentiste, il y a un nombre de fautes d’asepsie relativement important. 
Sur le plan de la rééducation, les patients sont levés le lendemain de l’intervention et ils reçoivent une prophylaxie thrombo-embolique standard. A ce niveau à nouveau rien de particulier à soulever. Le retour à la maison se fait entre 1-2 semaines post-op. A ce niveau, tout le système de soins à domicile pourrait être rediscuté. 
Après la chirurgie, le Dr Gopal me demande si je suis d’accord pour voir un patient qui présente un problème de genou. Bien sur c’est avec plaisir que je vois ce patient qui est amené par notre collègue, avec une présentation du cas assez sommaire, une IRM de mauvaise qualité et l’on me demande d’emblée ce que je propose pour ce patient. Je me permets quelques questions supplémentaires pour avoir une anamnèse précise et je propose également un examen clinique qui ne me semble pas avoir été réalisé de manière systématique. Je suis donc surpris par la prise en charge de ce patient avec un patron qui, après quelques questions sommaires, décide de l’opérer sans explications au patient, en lui demandant tout simplement s’il veut se faire opérer ou non. Là aussi, avec la jeune génération, il y aurait peut être une éducation importante à faire dans la prise en charge et l’anamnèse. A nouveau, au niveau de l’intimité du patient, comme déjà mentionné dans d’autres visites aux urgences de Jeetoo, celle-ci est une notion assez aléatoire. 
Le Dr Gopal me demande si je suis d’accord pour faire des arthroscopies. Je lui réponds que je ne suis pas là pour opérer mais pour les aider et nous convenons de faire 2 plasties du croisé le lendemain mais dans un autre hôpital vu que celui-ci semble sous-équipé au niveau arthroscopique. 
Rendez-vous est donc pris pour le lendemain à l’Hopital de Jeetoo pour réaliser ces 2 plasties du croisé. Je suis impressionné qu’il soit aussi facile de transférer deux patients d’un hôpital à l’autre et de modifier des programmes opératoires mais ceci ne semble pas  poser trop de problème organisationnel. »

(Suite de l’article : Mission à l’Ile Maurice – 2/2)

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